Trek Vanoise 2020

Vendredi 10 juillet 2020, il est 23h30. Je pars chercher quelques amis pour un trek qui fera le tour des glaciers de la Vanoise. C’est dans les Alpes, en haute montagne, et nous allons réaliser une boucle de plus de 80 km durant 7-8 jours.

Nous sommes 13 au total, tous membres de notre association de randonnée « Mettons le Monde en Marche (MMM) ». Nous nous connaissons bien et l’impatience se lit sur nos visages.

Le parcours du trek suivra l’itinéraire officiel avec quelques variantes – notamment, une descente vers le refuge d’Entre-deux-eaux pour corriger le départ tardif de Pralognan –.

Pralognan-la-Vanoise
Pralognan-la-Vanoise

Les refuges où nous allons dormir : Barmettes / Entre Deux Eaux / Arpont / Plan Sec / l’Orgére / Péclet-Polset/ (camping de Pralognan-la-Vanoise).

Au départ, ce trek devait se faire en bivouac pour initier quelques personnes du groupe. Le principe est de dormir en petites tentes plantées à partir de 19h (il est souvent toléré 18h/18h30) et démontées le lendemain matin avant 8h. Le parc de la Vanoise n’autorise pas le bivouac en dehors de zones réservées près de certains refuges, notre organisateur José a donc décidé de définir ce trek comme étant « tout confort » et a proposé d’alterner les nuits en bivouac et en refuge, le tout en demi-pension. Il ne nous restait donc plus qu’à suivre l’itinéraire bien tracé et profiter des douches en fin de journée.

Même si nous avons tous fait de vrais efforts pour alléger nos sacs à dos, il faut tout de même porter la tente, le couchage et les repas pour 6 jours (les petits déjeuners et les déjeuners). Suivant le porteur, nos sacs varient donc de 10 à 16 kg – on ne compte jamais la variable des 2-3 litres d’eau lorsque l’on pèse un sac à dos –. Pour ma part, le mien fait 12,3 kg et je pense que je pourrais encore un peu m’alléger un peu plus lors des prochains treks. Et dire que plus jeune, je portais un sac qui dépassait les 20 kg… autres époques, autres matériels.

Mais, commençons le détail du parcours.

Le premier jour est facile, mais après la nuit blanche passée en transport, c’est appréciable. Nous montons en téléphérique et nous parcourons une petite distance, le temps d’ajuster les sacs et de profiter de la vue.

Nous passons la nuit au refuge des Barmettes, qui nous permet de marcher le lendemain vers une belle cascade au loin.

Nous traversons le lac des Vaches dont l’originalité est de pouvoir être coupé en marchant sur des pierres à fleur d’eau. Assez original.

Une pause déjeuner au refuge du col de la Vanoise où quelques marmottes jouent devant nous, sous un beau soleil d’été. Nous reprenons la route dans une large vallée.

L’après-midi est particulièrement douce et nous redescendons bientôt au refuge d’entre Deux Eaux.

Nous ne nous doutons pas alors que cette belle descente serait à remonter le lendemain matin. Je retiens une leçon importante, en montagne ce n’est pas parce que la carte n’indique que 250 m de dénivelé en montée que ce sera facile. Il faut aussi regarder la distance à parcourir et l’état du terrain. Plus c’est court, plus ce sera dur. Mais finalement, une fois en haut, le chemin se fait plus régulier et cette étape n’est bientôt plus qu’un vague souvenir.

Très vite, nous trouvons nos marques et une certaine routine s’installe. Je me force de temps en temps à lever la tête afin de prendre conscience de ce que nous vivons à cet instant. J’apprécie le bonheur d’être là, entouré d’amis, dans un cadre encore préservé.

Les sollicitations ne manquent pas non plus : sifflement souvent proche des marmottes, quelques rapaces en début de soirée, et surtout les bouquetins qui nous accompagnent parfois durant une partie du trajet.

Je retrouve avec bonheur mes habitudes de randonneur.

Les jours se suivent, mais ne se ressemblent pas. Chaque passage nous dévoile un paysage grandiose où mon humilité fait face à une temporalité qui n’est pas la mienne. Ici, tout se compte en milliers d’années. Et même si nous parcourons cette étendue en partie sauvage depuis les hauteurs, je me sens tout petit et insignifiant.

Très vite, la réalité nous rattrape. Nous bivouaquons au refuge d’Arpon qui est assez moderne et l’atmosphère du dîner, quoique convivial, nous épuise vite. C’est sans doute à cause du bruit.

Le lendemain, après avoir plié rapidement les tentes, nous reprenons le chemin pour ce que nous appelons un faux plat népalais. C’est-à-dire que nous démarrons et finissons à la même hauteur, mais avec beaucoup de montées et de descentes entre les deux. Nous sortons alors du cœur du parc vers le refuge suivant au niveau des lacs de barrage d’Aussois.

Un Border collie nous accueille joyeusement avec sa balle, nous invitant à jouer avec lui. À l’intérieur, un chat réclame des caresses tout en se prélassant sous les radians. Nous apprécions le vin chaud et le chocolat chaud. Bref, c’est un moment de pause unique très apprécié.

Une mention spéciale pour ce refuge de Plan Sec qui, de l’avis de tous, sera élu comme le meilleur tant par l’infrastructure (douches comprises dans le prix, salle hors sac pour sécher les vêtements fraîchement lavés) que par l’accueil que nous avons reçu. Le cadre est chaleureux et bienveillant.

Mais le lendemain, il faut bien repartir. Nous contournons alors les lacs (plan d’Amont et plan d’Aval), passons le col du Barbier.

Et nous arrivons enfin dans une vallée vers le refuge de l’Orgére. La journée est longue et variée en curiosité.

Je ne sais plus exactement où, mais il me semble que c’est à ce moment que je remarque que certaines pierres sur le chemin ont été peintes de motifs discrets (libellule, étoiles, insectes). C’est une très bonne idée pour occuper d’éventuels enfants lors d’une randonnée. Cela coupe la monotonie.

La nuit au refuge est sympathique, mais nous avons déjà la tête ailleurs ; le lendemain, une belle journée de montée nous attend. Il faut passer un dernier passage technique au col de Chavière (presque 2800 m). Celui-ci se termine par une montée raide sur un plan enneigé, particulièrement intéressant (comprendre difficile).

col de Chavière
col de Chavière

Comme d’habitude, j’ai particulièrement apprécié le moment où l’on découvre l’autre versant. Cet instant devient magique après cet effort important. Disons qu’il faut le mériter et si j’avais été déposé juste avant l’arrivée, la sensation n’aurait pas du tout eu la même puissance.

Passé le col, le trek a déjà un goût de fin, il ne reste plus que de la descente.

Le midi, nous mangeons au Plan des Cairns parmi une multitude de petits tas artistiquement placés, puis nous arrivons assez tôt au refuge de Péclet-Polset, tenu pas une équipe jeune et dynamique supervisée par un « papa » bienveillant. Ce sera une soirée chants / guitare… inoubliable.

refuge de Péclet-Polset
refuge de Péclet-Polset

Nous repartons le lendemain vers Pralognan, par une large route en pente douce. Nous nous arrêtons brièvement (pause café/thé/chocolat chaud) au refuge de la Pêche. L’accueil très agréable et la promesse d’un sauna nous font dire que si nous devions revenir dans la région, nous y programmerions certainement une halte à ce refuge.

Arrivés au camping de Pralognan, nous récupérons les voitures (et le change qui va avec), et nous passons la journée suivante en un repos bien mérité : pizza, barbecue, restaurant, boutiques de sport. La vie citadine reprend.

Sur la route du retour vers la maison, nous passons par le massif de la Chartreuse. Rémi réfléchit déjà à nous emmener en trek là-bas ; c’est un terrain de jeu qu’il connaît très bien pour y avoir passé son enfance. Je me dis que c’est une excellente ouverture vers un avenir possible et cela ne referme pas trop vite la page de ce que nous venons de vivre.


Au niveau de la difficulté, nous avons fait +4037 m de dénivelé positif et -4637 m de dénivelé négatif. La différence vient du fait que le trajet en téléphérique n’a pas été comptabilisé.

Pour ma part, je me suis surpris à rencontrer des soucis pour trouver mon souffle dès les premiers jours. L’altitude y est peut-être pour quelque chose (mal au crâne, difficulté pour réaliser des efforts simples), mais je pense que c’est surtout ces deux dernières années sans activités sportives régulières qui sont en cause. Je me base sur mon indicateur personnel où je suis passé de 80 kg à 85 kg en deux ans ; il faut que je me reprenne de ce côté.

Sinon, une fois passés les 2-3 jours d’adaptation habituels, ça allait déjà mieux. Donc finalement, à quand la prochaine ?


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